Louvre


Le musée du Louvre est le plus grand musée de Paris par sa surface (210 000 m2 dont 60 600 consacrés aux expositions2) et l'un des plus importants du monde. Situé au cœur de la ville, entre la rive droite de la Seine et la rue de Rivoli, dans le Ierarrondissement, le bâtiment est un ancien palais royal, le palais du Louvre. La statue équestre de Louis XIV constitue le point de départ de l'axe historique, mais le palais n'est pas aligné sur cet axe. Le Louvre possède une longue histoire de conservation artistique et historique de la France, depuis les rois capétiens jusqu'à nos jours.

Cet endroit désert se nommait "Louvre", et les érudits ne se sont pas encore mis d'accord sur l'origine de ce terme. Depuis plusieurs siècles, ce mot célèbre n'évoque plus que le beau palais, un des plus vastes du monde, qui remplit de fierté tous les Parisiens et tous les Français. 
Une véritable forteresse
Le Louvre de Philippe-Auguste comprenait un quadrilatère entouré de fossés et un donjon de trente-deux mètres de haut, aux murs de plus de quatre mètres d'épaisseur. Une salle basse, avec ses deux piliers et ses voûtes d'ogive, est le seul vestige datant de cette époque. Au-dessus, Saint Louis avait fait édifier la chapelle dont la forme est encore indiquée dans l'actuelle salle des Cariatides. 

Au XIVème siècle, la ville ayant continué à s'étendre, surtout à l'ouest, Charles V décide de construire une deuxième enceinte au-delà de la première et de transformer l'ancienne forteresse en lieu de résidence. De vastes salles sont créées, les bâtiments surélevés, les tours coiffées de toits pointus ; à l'intérieur est installée la bibliothèque du roi, qui comprend plus de 1 000 volumes (hélas! emportés pour la plupart par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans). 

Deux entrées à pont-levis sont ménagées, l'une vers le fleuve, l'autre vers Saint-Germain-l'Auxerrois. La "Grande Vis", escalier de plus de cent vingt marches, est terminée. Dans le potager et la ménagerie, on cultive et on élève légumes et volailles. C'est le Louvre de Charles V, dont le Livre d'Heures du duc de Berry nous restitue l'image. 
Le nouveau visage du vieux palais
Durant le XVème siècle, le Louvre est délaissé pour les châteaux de la Loire. Quand Louis XI ou Charles VIII passent à Paris, ils descendent à l'hôtel des Tournelles : sans doute le Louvre leur semble-t-il d'un confort archaïque... Toujours est-il que jusqu'à la fin du règne de Louis XII, il ne sert plus que d'arsenal et de prison. 

Par bonheur, François Ier, libéré de sa captivité italienne par l'argent des Parisiens qui ont payé sa rançon, veut les dédommager en venant habiter leur bonne ville. 

Le vieux Louvre prend dès lors un nouveau visage. L'art de la Renaissance, découvert et apprécié par le roi en Italie, le pousse à supprimer le caractère médiéval de certaines parties de l'édifice. En particulier, il fait raser le donjon, fermer le pont-levis du côté Seine, donnant ainsi à Paris son axe principal qui sera prolongé plus tard par les Tuileries et les Champs-Elysées. Un quai est construit le long du fleuve. Et dans ce château modernisé, François Ier reçoit durant huit jours un hôte illustre, l'empereur Charles Quint. 
De grands architectes
C'est alors qu'apparaît le grand architecte qui va pendant trente-deux ans, façonner l'aspect général du palais. Il s'agit de Pierre Lescot. Les agrandissements des siècles suivants ne feront que s'inspirer de ce nouveau style. Un autre grand nom de la Renaissance française, Jean Goujon, deviendra célèbre aussi : ses admirables sculptures ornent encore l'aile sud-ouest de la cour Carrée. 

Sous le règne d'Henri II (qui monte sur le trône en 1547), le Louvre se double du palais des Tuileries, construit sur l'ordre de la reine Catherine de Médicis. Il s'étendait perpendiculairement à la Seine, entre le pavillon de Flore et le pavillon de Marsan (actuelle bibliothèque des Arts décoratifs). Il fut détruit pendant la Commune, après la guerre de 1870. 

Pour aller à couvert du Louvre aux Tuileries, la reine ordonne la construction de la "Grande Galerie du bord de l'eau" où sont aujourd'hui exposés presque tous les chefs-d'œuvre de peinture du musée. Un bâtiment est ajouté, qui raccorde à angle droit l'extrémité de la Grande Galerie au quadrilatère principal (dont la surface ne représentait que le quart de l'actuelle cour Carrée) : c'est la "Petite Galerie", où se trouve maintenant, au premier étage, la Galerie d'Apollon. 


Tour à tour occupé puis abandonné


Au XVIIème siècle, sur l'ordre du roi Louis XIII, l'architecte Lemercier double l'aile sud-ouest par une aile nord-ouest, avec, au centre, le pavillon Sully. Les parties datant de Charles V sont alors démolies (on peut encore juger de leur emplacement par le pavage de la cour), les fossés sont aplanis et les proportions générales de la cour Carrée, telle que nous la voyons aujourd'hui, sont ébauchées. 

Depuis la mort de Louis XIII (1643) jusqu'en 1652, la régente Anne d'Autriche et le jeune roi Louis XIV vont résider au Palais Cardinal (l'actuel Palais Royal), légué à la famille royale par le cardinal de Richelieu. 

À leur retour au Louvre, ils découvrent bien des défauts dans le vieux palais, tour à tour occupé ou abandonné pour d'autres résidences. Le pire d'entre eux est le voisinage des ruelles malodorantes et mal famées qui rendent toute surveillance impossible, et la sécurité de la famille royale bien précaire : c'est à la faveur de tels désordres que Ravaillac avait eu la possibilité d'assassiner Henri IV à sa sortie du Louvre. De plus, les fossés servent d'égouts et dégagent de telles odeurs qu'il faut évacuer le château une ou deux fois par an afin de les curer : les séjours habituels de la cour de France à Fontainebleau ou dans les autres résidences royales n'ont pas d'autre origine! 
Au grand siècle
Louis XIV, au moment où il prend personnellement le pouvoir, n'a pas encore précisé son désir de créer Versailles. Heureusement pour le Louvre, qui bénéficie pendant quelques années de l'activité débordante et des vastes projets du jeune roi. 

De 1660 à 1663, Louis XIV fait raser les vieilles masures des rues avoisinant le Louvre (telle la rue d'Autriche) et fait commencer, par l'architecte Le Vau, le quadruplement de la cour Carrée. La porte principale est prévue du côté de Saint-Germain-l'Auxerrois, paroisse des rois de France. Pour encadrer la porte, Louis XIV prévoit une colonnade. Plusieurs projets lui sont montrés : il choisit celui de l'architecte Claude Perrault, frère de Charles Perrault, l'auteur des fameux Contes. 

Peu à peu, l'amour de Versailles et, bientôt, l'installation de la résidence royale dans cette nouvelle merveille consacrent l'abandon du vieux palais. Le sage Colbert s'en inquiète et ne se fait pas faute de morigéner le jeune roi : prévoit-il que cet éloignement de la capitale, en séparant le monarque du peuple de Paris, prépare le tragique malentendu qui éclatera cent ans plus tard et s'appellera la Révolution française ? 

Pendant les siècles suivants, le Louvre devait encore connaître des heures d'abandon, mais aussi des heures de gloire.